La gemme de willanjis

Chapitre premier : Un rêve prémonitoire

Vous êtes attablé à l'auberge de Trigorn où vous profitez du changement de propriétaire pour festoyer avec vos amis lorsqu'un vieillard s'approche de vous pour vous demander une pièce. Malgré son allure répugnante et maladive, quelque chose vous pousse à ne pas l'ignorer et vous décidez de lui offrir le plus gros festin de sa vie. A la fin du repas l'homme s'adresse à vous plein de reconnaissance.

- « J’ai perdu ma famille et ma dignité, ce carnet est le seul trésors qui me restait car il a jadis appartenu à mon fils mais je veux aujourd’hui vous le donner pour vous remercier de votre générosité avant de le rejoindre dans le royaume de Vanilius »

C'est sur ces paroles que vous vous réveillez avec l'impression étrange d'avoir réellement vécu cette scène... Ou bien était-ce un rêve prémonitoire ?

   Un vieil Homme

   Depuis combien de temps errait-il dans les rues de Trigorn ? Le vieil homme était bien incapable de s'en souvenir. Du reste l'évocation du passé lui était trop douloureuse. La simple image de la milice de Proncilia lui ramenant le corps de son fils suffisait à lui assener une douleur insupportable qui le projetait en dehors d'une réalité trop dure à supporter. La vie qui un à un lui avait ôté les êtres qu'il chérissait, cette vie la était devenue un gouffre de souffrance.
   A peine son fils enterré, il avait fuit sa maison pour ne plus voir les fantômes qui lui hurlaient qu'il était maintenant seul. Il avait tout abandonné, n'emportant que le petit carnet de notes que son fils avait conservé comme une relique jusqu'à son dernier souffle. Relique devenue maudite qui rappelait au vieil homme à quel point il était misérable.

   En entrant dans la taverne de Trigorn pour quémander un peu de pain à ceux qui avaient quelque chose à fêter, ceux qui trinquaient à la santé d'un bonheur qu'il ne connaitrait plus jamais, il n'avait reçu que des regards gênés ou méprisants.

   Était-ce par peur d'être contaminé par son malheur que les gens le rejetaient ? Ou bien était-ce le fait d'une époque où les puissants étaient indifférents envers les plus faibles ? Il avait toujours cru que les vrais chefs étaient ceux qui se battaient pour rendre aux plus faibles leur dignité.




   Existait-il encore aujourd'hui des hommes de cette trempe ? Quelqu'un lui rendrait-il sa dignité ?

   Tremblant et épuisé, le vieil homme s'adossa au mur de la taverne et se laissa glisser à terre. Les membres meurtris, le ventre criant famine, il ferma les yeux et s’assoupit.







 

Oni a écrit: Une pirate passait par là

   "Eh !"

   ...

   "Ohh !! Réveille toi le vieux !!"

   Oni était une jeune femme blonde, pas très grande, aux allures de pirate à en croire son tricorne et la bouteille de rhum qu'elle avait à la main. Elle tapotait du pied l'espèce de vieille loque assise contre le mur de la taverne.

   "Je suis pas experte, mais t'as pas l'air en forme moussaillon... Tu vas crever ?"

   Le vieil homme ne répondait pas. Il était peut-être sourd ? En tout cas il avait l'air d'une victime du système, comme tant d'autres... Un pauvre vieillard accablé par la faim et la fatigue, sans le sou après avoir été vampirisé jusqu'au trognon par les nobles et les bourgeois... Ça lui faisait mal au cœur... C'était contre ça qu'elle se battait !

   "Tiens, va manger quelque chose." Elle jeta une pièce aux pieds du vieil homme. Une pièce toute sale, mais une pièce quand même. "Si tu veux changer de vie un de ces quatre, demande la capitaine Oni."

   Elle le salua en soulevant légèrement son tricorne de son index, et s'en alla.

   Un prédateur rôde

   Le vieux était presque méconnaissable tant il avait maigri mais c’était bien lui. C’était inespéré de le retrouver ainsi par hasard dans Trigorn. Cette fois, il ne lui échapperait pas, il fallait juste être un peu patient et attendre le bon moment, quand il n’y aurait aucun témoin.
   Il lui réserverait le même sort qu’à son abruti de fils.

   Deux mois auparavant, alors qu’il cherchait un pigeon à détrousser, il avait fait la rencontre du jeune milicien à la taverne d’Ibrin. La technique était toujours la même car elle avait fait ses preuves. Sympathiser avec la cible, la faire boire pour brouiller son jugement et ses réflexes et lorsque le fruit était mur il n’y avait plus qu’à le cueillir…
   En temps de guerre, qui se souciait d’un cadavre de plus ?
   Parfois, le pigeon révélait des informations utiles. Les idiots aiment souvent se faire valoir…

   Le milicien lui avait raconté dans les moindres détails comment, avec sa garnison, ils s’étaient battus contre des pirates qui sévissaient sur les côtes et qui en réalité recherchaient un trésor.
   Comment celui qu’il tenait à sa merci lui avait révélé, espérant monnayer sa vie, la cachette d’un carnet de notes contenant des indications sur ce trésor.



   Sans en parler à ses camarades, le jeunes milicien était allé la nuit fouiller la stèle et l’avait trouvé.


   Vantardises, s’était-il dit mais devant son expression dubitative, le jeune homme avait brandi triomphalement le carnet pour le ranger aussitôt. L’imbécile venait de scellé son sort…

   Il l’avait suivi sur la route qui le ramenait chez lui à Proncilia et lui avait tranché la gorge d’un geste net et précis. Avec le temps, il était devenu un professionnel.
   Hélas il avait joué de malchance, une patrouille était arrivée pendant qu’il fouillait le cadavre, lui laissant à peine le temps de sauter dans un fourré. Les miliciens avaient reconnu leur pair et pris soin de sa dépouille pour la ramener à sa famille.

   Le vieil homme, déjà au crépuscule de sa vie et que la nouvelle de la disparition de son dernier fils accablait un peu plus avait accusé le coup.
   Qu’importe, il lui rendrait service à sa manière le lendemain lorsque les miliciens seraient partis.
   Il avait fallu que la malchance se joue une nouvelle fois de lui. S’étant introduit discrètement dans la demeure du vieux, il avait constaté sa disparition.

   La rage s’était emparée de lui après qu’il eu fouillé la maison de fond en comble et déterré le corps du milicien sans trouver nulle trace du carnet. Il était resté un semaine à attendre le vieux chez lui, nourrissant chaque jour des desseins de plus en plus sombres à mesure que sa frustration augmentait, puis il avait fini par se résoudre à son échec. Mettre le feu à la maison ne l’avait même pas satisfait.

   Mais à présent, sa chance était revenue. Le vieil homme était là sous ses yeux et avant de le tuer il le ferait souffrir un peu…

Poussez par votre instinct mais surtout par la soif, vous vous rendez donc à la taverne de Trigorn. Vous en êtes à votre troisième verre lorsqu'un vieil homme vous aborde. Il semble tout droit sorti de votre rêve et de fait, tout se passe exactement selon votre prémonition !
En effet, comme dans le rêve que vous aviez fait, le vieil homme vous transmet le carnet de notes avant de quitter la taverne en prononçant les mêmes paroles.
Si vous êtes sensible à la magie, vous percevez aussitôt l'aura puissante qui s'en dégage. Votre main se pose sur le cuir tanné de dragon d'une couleur émeraude qui recouvre l'ouvrage pour en apprécier le grain et vous constatez qu'une douce chaleur en émane. Sur la couverture figure une inscription dans une langue ancestrale que plus personne ne parle aujourd'hui. Vous comprenez que le carnet est très ancien et pourtant il est en parfait état de conservation.

Vous reconnaissez une écriture runique, celle du peuple nain qui jadis habitait les alentours d'Ibrin avant d'en être chassé par les tribus barbares et vous décryptez une date.

Tout à coup, la chaleur du carnet augmente et l'inscription sur la couverture change dans un léger éclat de lumière bleutée.
Pour une raison que vous ne vous expliquez pas, il semble que la date ait changé...

Tandis que vous ouvrez le carnet, vous remarquez qu'il est à présent froid et qu'il n'y a qu'une seule page à l'interieur.
Vous pouvez lire ceci :